LE TAO

La seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout est toujours en train de changer.

Le Yi Tching (Livre des Mutations)

  • À l’origine
  • Pour résumer
  • D’autres notions taoïstes
  • Les visages du Yin et du Yang
  • Le symbolisme du Yin et du Yang
  • Les applications pratiques du Yin et du Yang

À l’origine

Il y a environ 2500 ans, Lao Tseu écrit le Tao Te Tching. Sous une forme poétique, il y décrit le Rien qui a créé le Tout, ce Sans-forme qui n’a pas de nom.

Lorsqu’intervient la création, le Tai Chi se déploie autour de lui, comme une énergie toujours en mouvement, qui à son tour engendre « Les dix mille choses et les dix mille êtres » comme disent les Chinois, c’est à dire l’Univers. Donc autour du vide central, la création se déploie, comme une roue qui tourne autour du moyeu central, ou encore comme une spirale.

Les symboles du Tai Chi

L’énergie en mouvement se cristallise en deux pôles, le Yin et le Yang, opposés et complémentaires, qui s’engendrent mutuellement et s’alternent dans un cycle sans fin.

Ce cycle se retrouve partout, à toute échelle, faisant du Rien central qui se trouve au cœur du cycle un centre mystérieux et omniprésent qui se trouve en toute chose.

Pour avancer sur la voie de l’harmonie avec l’univers, il faut donc s’harmoniser avec ce rien qui se trouve au coeur de toute chose, et avec le mouvement naturel qu’il organise.

Lui qui est sans nom, on le baptisera donc La Voie : le Tao.

Et, puisqu’on a su le retrouver en tout point de l’univers comme le centre du cycle Yin / Yang que l’on retrouve partout, on le symbolisera donc par le cercle où l’on voit se succéder les deux pôles l’un à l’autre, cette vibration énergétique qui procède toujours du Tai Chi, substance et mouvement de l’univers.

Pour résumer

Le Tao, Rien originel, engendre le Tai Chi, qui engendre l’Univers toujours en mouvement.

Le mouvement se polarise en Yin et Yang, ce cycle qui régit tout dans l’univers.

À leur tour, le Yin et le Yang, suggérant en leur centre la présence du Tao, offrent leur image pour lui donner son symbole.

D’autres notions Taoïstes

Le Wu-Wei, ou Non-Agir

Il ne s’agit pas de passivité, mais d’oubli de ses motivations égocentrées, des actions désordonnées du Moi-Je, pour ressentir la présence du Tao, percevoir les cycles Yin / Yang qui nous entourent, et agir en harmonie avec eux. Le Non-Etre

C’est un état résultant de la pratique précédente, où l’oubli du Soi pour s’intégrer harmonieusement dans un système engendre connaissance intuitive et quiétude. Le Fu, ou « retour à la racine »

Lao Tseu dit que les êtres multiples feront retour à leur racine. S’agit-il d’une évocation des théories scientifiques les plus récentes qui, après l’expansion universelle issue du « Big-Bang », imaginent l’univers se replier sur son origine dans un « Big-Crunch » ? Ou bien d’un renvoi de chaque être, excessivement individualisé, à la quête du Fu, percevant le Tao au centre des flux Yin / Yang qui l’entoure ? À chacun d’explorer La Voie… Les cinq forces.

C’est un modèle de cinq principes, avec des relations d’engendrement et des relations de destruction, sur lequel la culture chinoise a empilé de nombreuses notions mythologiques, astrologiques, médicales, et de plein d’activités pratiques.

On y retrouve les 5 éléments, les 5 périodes du jour, les 5 couleurs, les 5 organes internes… Les huit directions

Elles sont générées par le Yin et le Yang.

Les huit directions

Pour en terminer avec l’aspect historique du Tao, avant de revenir aux multiples usages symboliques du Yin et du Yang, nous dirons qu’il a donné naissance à deux courants :

  • Le courant philosophique Tao-Chia qui se développe à partir des notions que nous avons vues, avec l’apport notable d’un autre philosophe : Tchouang Tseu
  • Le courant religieux (Tao-Chiao), qui réintègre des croyances chamaniques antérieures, et se caractérise notamment par une quête alchimique de l’immortalité et par l’adoration des Huit Immortels.

Les Visages du Yin et du Yang

On dit parfois que le Yang est le principe masculin universel, et le Yin le principe féminin universel. Ils incarnent en fait toutes les notion bipôlaires qui, semblant s’opposer, en fait se complètent, et dont toute la palette de nuances est une façon de comprendre l’univers.

Parmi les couples de Yang et de Yin, on pourra citer :

  • Le masculin / le féminin,
  • le jour / la nuit,
  • le chaud / le froid,
  • le sec / l’humide,
  • le ferme / le doux,
  • l’externe / l’interne,
  • l’actif / le passif,
  • l’expansion / l’enracinement,
  • la raison / l’émotion,
  • la poussée / le retrait, …

La liste est infinie.

Les qualités Yin / Yang dépendent aussi du contexte. L’homme qui, face à sa femme, apparaît comme Yang, peut se retrouver Yin lorsque, employé, il fait face à son employeur.

De plus, chaque sous-système, le Yin ou le Yang, peut à son tour se décomposer en dipôle yin / yang. Il suffit d’ajouter un deuxième degré de complexité (voir plus bas) au modèle.

Ainsi si l’on ajoute la timidité au sexe, on aura des hommes timides (Yang-yin) et non-timides (Yang-yang), et des femmes timides (Yin-yin) et non timides (Yin-yang)…

Le symbolisme du Yin et du Yang

En conjuguant le principe du Yin et du Yang sur plusieurs niveaux de complexité, le Yi Tching, ou Livre des Mutations, construit des trigrammes et des hexagrammes avec lesquels il définit un modèle cosmogonique qui, servant à comprendre le monde dans sa complexité et sa dynamique, offre aussi une fonction d’oracle pour mieux réfléchir à la question qu’on se pose.

Les trigrammes, comme les hexagrammes, s’écrivent et se lisent par empilement : de bas en haut (ou du centre vers la périphérie dans une disposition circulaire). Chaque nouveau trait correspond à un critère, une nouvelle dimension ou un nouveau degré de complexité, ou encore à un nouveau tirage de l’oracle.

On exprime par un trait plein le principe Yang et par un trait interrompu le principe Yin.

On a donc 2³ = 8 trigrammes.

Les hexagrammes sont donc au nombre de 26 ils peuvent aussi s’obtenir par combinaison de deux trigrammes (8 fois 8 possibilités) : 64 hexagrammes dans le Yi Tching.

Les applications pratiques du Yin et du Yang

Appliqués sur un cadran (ou une boussole) ils permettent de modéliser des directions :

  • Au premier degré : Avant / Arrière
  • Au deuxième degré : Nord, Est, Sud, Ouest (en Chine, on aurait commencé par le Sud, que l’on place traditionnellement vers le haut de la carte géographique)
  • Au troisième degré : on obtient les huit directions (Pa Kua) qui ont donné leur nom à la boussole du Feng Shui. Cet art, qui vise à placer et orienter les constructions humaines dans leur environnement, et à aménager leur intérieur, de telle sorte que les flux d’énergie (Chi) y soient positifs, a investi les huits trigrammes de toute une série superposée de symboles traditionnels (Animaux mythiques, degrés de parenté, etc…)

Trigramme et Symboles

Le Tai Chi Chuan, qui s’exprime avec le vocabulaire du Tao, utilise les huit directions pour traduire et orienter l’expression du Chi à travers huit de ses principaux mouvements.

On retrouvera des diagrammes de ce type dans les ouvrages du Dr Yang.

On peut imaginer le diagramme ci-dessus comme un marquage au sol.

  • Le pratiquant de Tai Chi Chuan se plaçant au centre et regardant vers le haut de la page, pourrait y orienter ses mouvements. Le recul, par exemple, résolument Yin, irait vers le bas du diagramme.
  • On peut aussi y placer deux adversaires sur les deux points au centre des sous-sytèmes, et étudier comment circule l’énergie lors des poussées / effacements qui s’échangent dans les deux sens.

Les applications sont inépuisables…